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extrait :
« Rion regrettait amèrement que les progrès dans la conquête spatiale n’aient pas encore rejoint
les élucubrations de quelques visionnaires qui avaient abreuvés la mystique des rêves interstellaires
depuis Jules Verne. Complétés de quelques autres romans en stéréo dolby surround, et autres conneries,
qui lui avaient fait embrasser une profession des plus risquées.
Il se sentait plus l’âme d’un Christophe Colomb, précisément au moment où la Santa-Maria commençait à sombrer,
que celle des conquistadors qui durent venir, bien après.
Ils quittaient l’autobus, en orbite circummartien, pour rejoindre un sol où rien ne les attendait d’aussi
pressé, dans une sorte de véhicule qui tenait plus du centaure que d’un engin digne de ceux de ses films
fétiches. Mi-jeep, mi-fusée, l’exploroller tenait plus du bricolage d’arrière-boutique que de l’appareil
pensé. Le côté roller lui convenait assez mais, subitement, le préfixe explo prenait à 90 millions de
kilomètres de la resserre où il avait été testé, des connotations dramatiques qui lui donnaient à regretter
d’avoir tant étudié. Il eut pu tranquillement continuer à ne rien faire, sans en être moins payé, au lieu
de tenter des acrobaties pathétiques à la limite du dessin animé.
— Nounou, dans combien s’il te plaît ?
— Précisez la question, s’il vous plaît.
— Tu nous largues quand ! Bourrique !
— Première fenêtre dans douze minutes.
— Et celle d’après ?
— Dans douze minutes.
— Aussi !
— Aucune raison de manquer la première...
Et c'est le grand plongeon, mais vers quoi ?...